Inauguration de l’orgue de l’Eglise de NYONS (Drôme) – 19 & 20 septembre

orgue restauré par Charles SARELOT

Eglise de Nyons – Orgue restauré par Charles Salerot
Crédit photo : Luc Pidou

 

C’est sous l’impulsion de Jean-François MURJAS, organiste à Valence et à Allex, coordonnateur des organistes de l’Ardèche et de la Drôme, qu’ont commencé en 2016 les premières réflexions avec les organistes locaux, Luc PIDOU et le Frère Michel BEAULIEU, pour la restauration de l’orgue HARTMANN de l’Eglise Saint-Vincent de Nyons. Une association est alors créée et des échanges ont lieu avec la Municipalité. Une rencontre interdépartementale des organistes Drômardéchois et des concerts ont permis de sensibiliser les élus, la paroisse et le public ainsi que les écoles de la ville par des séances de découverte de l’instrument.

L’Eglise de Nyons est dotée d’un orgue depuis 1823. L’instrument initial a été remanié, complété et transformé à maintes reprises avec plus ou moins de réussites (entre 1823 et 2005, on compte sept interventions à intervalles de 10 à 39 ans).

L’intervention la plus remarquable est celle effectuée par Philippe HARTMANN entre 1967 et 1970 : l’instrument bénéficie à cette occasion d’une véritable reconstruction. Mais faute d’un suivi attentif et d’un entretien régulier, l’orgue devient inutilisable au début du 21ème siècle.

C’est alors qu’en 2018/2019, Dominique JOUBERT, organiste de la Cathédrale de Valence ainsi que Marc BAUMANN ont pu expertiser l’instrument et préconiser les travaux de restauration :
Démontage partiel (hors buffet), restauration du buffet, révision approfondie de tous les éléments de la console, démontage des sommiers, transport et reprise en atelier, dépose complète de la tuyauterie et reprise en atelier, contrôle sur tout le tracé entre la console et les sommiers pour la transmission des notes, contrôle du tirage des jeux et de la course des coulisses pour la transmission des jeux, harmonie et accord.

Après avoir réuni les fonds à hauteur de 106.000 euros avec les partenaires, la ville de Nyons, le département de la Drôme, La Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’association des amis de l’orgue, les associations nyonsaises, la paroisse, des souscripteurs et donateurs privés, les travaux ont été confiés à Charles SARELOT de la Manufacture Languedocienne des Grandes Orgues.

 
Composition de l’orgue après restauration :

  • Clavier I (56 notes) : Bourdon 8, Montre 4′, Quarte de nazard 2’⅔, Sifflet 1′, Cymbale 4 rangs, Cornet 5 rangs.
  • Clavier II (56 notes) : Montre 8′, FIûte à fuseau 4′, Doublette 2′, Larigot 1’⅓, Trompette 8′.
  • Pédalier (30 notes) : Soubasse 16′, Flûte 8′, FIûte à fuseau 4′ (emprunt), Trompette 8′ (emprunt).
  • Accouplement, tirasses.

 

L’inauguration de l’orgue aura lieu le samedi 19 septembre prochain à 15 heures. Un concert sera également donné le dimanche 20 septembre à 17 heures par Michel ROBERT, organiste de la Collégiale de Saint-Donat et Pauline LODEON, flûtiste.


Programme de l’inauguration :

  • Accueil à l’orgue par Frère Michel BEAULIEU (organiste à Nyons)
  • Interventions des représentants des corps constitués, de la paroisse, de l’association des amis de l’orgue…
  • Intermède improvisé par Dominique JOUBERT
  • Séquence pédagogique par Charles SARELOT, facteur d’orgues et Marc BAUMANN, organiste (cathédrale de Strasbourg) et Maître d’œuvre
  • Mini-concert par Marc BAUMANN

Pour tous renseignements : Luc PIDOU – 06.77.95.21.12

 

_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________11/09/2020

La Tierce en taille de Grigny : info ou intox ?

Livre d’orgue – Nicolas de Grigny
Crédit Gallica

par Olivier Latry

« Sans que l’on sache réellement pourquoi et quelqu’en soit le domaine, des modes s’imposent et, pour certaines, disparaissent heureusement aussi vite qu’elles sont apparues. D’autres, par contre, s’inscrivent dans la durée, portant avec elles leur lot de controverses. Musicalement et organistiquement, l’un des exemples les plus emblématiques de ces dernières années s’avère être la Tierce en taille de Grigny, dont la mesure 35 a fait couler tant d’encre (et ce n’est pas fini !…). En ce qui me concerne, elle est depuis plus de vingt-cinq ans à l’origine de disputes fraternelles avec mon collègue et ami Michel Bouvard ; nos élèves communs au Conservatoire de Paris en sont régulièrement les témoins privilégiés et, souvent, spectateurs amusés. »

Ainsi commence l’étude qu’Olivier Latry a consacrée à la tierce en taille de Nicolas de Grigny et qu’il a dédiée à son collègue et ami Michel Bouvard, comme lui professeur d’orgue au Conservatoire National de Paris.

Nicolas de Grigny (1672-1703) fut organiste de la cathédrale de Reims pendant les 6 dernières années de sa courte vie. Comme tous les organistes français de cette époque, la production qu’il nous a léguée est relativement modeste en quantité. Elle n’en reste pas moins d’une qualité exceptionnelle et influença Jean Sébastien Bach qui recopia en intégralité cet unique livre d’orgue pour son propre usage.

 

Accès au document PDF : La-Tierce-en-taille-de-Grigny-.pdf



Sur notre site, vous trouverez également d’autres documents relatifs à la musique : www.orgue-en-france.org/la-musique/documents/

 
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________01/09/2020

Baccalauréat Professionnel Artisanat et Métiers d’Art Facteur d’Orgues

La facture instrumentale allie artisanat et industrie, techniques de pointe et tradition. Les places sont limitées dans ce petit monde des artisans d’art. La fabrication de l’orgue, complexe, fait appel à de nombreuses techniques : travail du bois, des métaux et des peaux ; mécanique ; électricité et électronique. Elle requiert des compétences en acoustique et en harmonique, ainsi que des connaissances architecturales. Le facteur d’orgues peut s’entourer d’ébénistes, de tuyautiers, d’harmonistes et de mécaniciens.

Le facteur d’orgues restaure, conçoit, fabrique, ou entretient l’orgue et l’accorde. Il travaille selon un cahier des charges, à la demande de l’État, des collectivités territoriales et des institutions (conservatoires, auditoriums), des communautés religieuses, des associations ou des particuliers. Le facteur d’orgue peut se spécialiser dans la restauration-conception d’une partie de l’orgue : le corps de l’orgue proprement dit ou les tuyaux.




CFA facteur d’orgues – Eschau (67).
Photos RP – OEF

 

Le Centre de Formation des Apprentis (CFA) d’Eschau dans le Bas-Rhin propose une formation d’excellence en 3 ans visant à obtenir le bac pro artisanat et métiers d’art, option facteur d’orgues.

 

L’option organier forme des facteurs d’orgues intervenant sur l’ensemble de l’instrument. Au préalable, il prépare et suit les commandes de matériaux et produits nécessaires à la réalisation ou restauration d’une partie de l’orgue. Il réalise des gabarits et des moules, trace des plans d’exécution, réalise les pièces en bois, peau ou métal, les assemble. Il crée ensuite les différentes liaisons (porte-vent, transmissions) ajuste la tuyauterie, règle la mise en vent et procède à l’harmonisation et à l’accord de l’instrument.

 

L’option tuyautier forme plus spécifiquement les spécialistes de la fabrication, de la pose et du réglage des tuyaux de l’orgue. Le tuyautier débite le métal, façonne les plaques et les met en forme par roulage ou battage. Il assure ensuite les opérations de montage, de soudage et de finition. Dans cette option, le facteur d’orgue est également formé à l’harmonisation et à la mise en accord des tuyaux.

 

On trouve une video de témoignages sur :
https://oniseptv.onisep.fr/onv/bac-pro-facteur

Le site du CFA d’Eschau https://www.cffo-eschau.fr permet de télécharger la fiche descriptive : https://www.cfa-eschau.fr/

________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________22/07/2020

Incendie du Grand Orgue de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes

Samedi 18 juillet 2020

Cathédrale de Nantes après l’incendie
Photo : Père François RENAUD

 

 
 

Consternation devant cette tragédie, la perte irrémédiable du grand orgue, de son somptueux buffet, de son matériel sonore.
Emotion avec tous les Nantais, les Français, catholiques ou non et tous les amoureux de notre histoire et de notre patrimoine.
Colère face à cette catastrophe, car quelle que soit son origine, cela montre une fois de plus, une fois de trop, l’insuffisance de protection de notre patrimoine.

Combien d’autres drames faudra-t-il encore pour que des moyens conséquents et des procédures plus rigoureuses soient mis en œuvre ?
Et dire que ces édifices et leur mobilier, dont les orgues, s’appellent « protégés » en tant que monument historique…



Au nom d’Orgue en France, je veux dire toute notre solidarité à nos amis Marie-Thérèse Jehan, Mickael Durand et Michel Bourcier, organistes titulaires de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes. Nous sommes tous avec eux par la pensée.



Philippe Lefebvre
Organiste titulaire de Notre-Dame de Paris
Président d’Orgue en France

 

_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________18/07/2020

L’orchestre de la Garde républicaine propose une offre exceptionnelle de concerts avec orgue pour les saisons 2021 et 2022.

 

Grâce à l’enthousiasme des responsables de l’orchestre de la Garde républicaine, de son chef François Boulanger, lui-même organiste, et de son adjoint Sébastien Billard, une offre de concerts a été élaborée par l’orchestre de la Garde républicaine avec le soutien d’Orgue en France.

A travers une programmation riche et diversifiée, cinq formules sont proposées alliant le roi des instruments à l’orchestre de la Garde Républicaine en formation harmonique ou symphonique. Selon l’option choisie, on entendra des œuvres comme la symphonie en sol mineur pour orgue et orchestre de WIDOR, la symphonie concertante en ut majeur de JONGEN, la symphonie n°3 avec orgue de SAINT-SAENS, le concerto pour orgue de POULENC ou un concerto pour orgue de BACH ou de HAENDEL.
Des pièces de LULLY, VIVALDI, ALBINONI, HAYDN, MOZART, VERDI, TCHAIKOWSKI, MASCAGNI, BARBER, BRITTEN complètent le programme selon le thème et la formule choisis.

Trois jeunes organistes se produiront dans le cadre de ce projet : Coralie AMEDJKANE, Lucille DOLLAT et Pierre QUEVAL.
Le choix parmi les cinq formules dépend des possibilités logistiques et matérielles de chaque organisateur ainsi que des caractéristiques du lieu qui accueillera le concert projeté.

L’équipe de production de l’orchestre de la Garde républicaine est disponible pour répondre aux questions et évaluer la faisabilité du projet. Elle peut également aider à définir la formation musicale la plus adaptée à une demande et vérifier la disponibilité calendaire de la formation retenue.

On trouve tous les renseignements dans le dossier en pièce jointe : Garde républicaine – orgue et orchestre 2021-2022.PDF

Plus de renseignements et tarifs en s’adressant à Sébastien BRIOUDE, Chargé de production
courriel : sebastien.brioude(AT)gendarmerie.interieur.gouv.fr – tél : 01 58 28 23 90

 

_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________12/06/2020

Le mot du président d’Orgue en France

Grand Orgue de Notre-Dame de Paris
Photo : N.N.

Un an déjà, un mois seulement…

Un an déjà : après l’incendie qui a ravagé Notre Dame de Paris et a frappé de stupeur et de consternation le monde entier, l’humanité affronte une crise sanitaire inouïe dont la violence nous ramène à des temps oubliés.
Un mois seulement : nous sommes plongés dans une sorte de torpeur, d’isolement et d’angoisse, guettant des jours meilleurs qui ne seront plus comme les jours anciens.

En ces temps incertains que la lumière de Pâques apporte l’espoir mais aussi le réconfort à ceux qui souffrent et le soutien à ceux qui sauvent.


Comme chacun a pu le constater, le monde est en grande partie à l’arrêt avec des conséquences que personne n’imaginait et nous ne savons pas comment sera le monde d’après.

En ce jour où nous commémorons dans nos cœurs meurtris le drame de l’incendie de Notre Dame, partageons l’espérance de nous retrouver dans notre chère cathédrale pour le chant du Salve Regina.

Je vous adresse mes fidèles amitiés et vous souhaite le meilleur possible ainsi qu’à vos proches, dans l’attente de nous retrouver.

Philippe Lefebvre
Président d’Orgue en France
Organiste titulaire de Notre Dame de Paris

ci-dessous un lien pour vous faire revivre le grand orgue de Notre Dame et le grand Salve.
Improvisation sur Salve Regina – Philippe Lefebvre – ND de Paris – 8 janvier 2017

 
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________15/04/2020

Jean-Claude GUIDARINI nous a quittés…

Avec un retard dû à une très grande émotion, j’ai le regret de vous faire part du décès de l’organiste toulousain Jean-Claude Guidarini qui s’est éteint ce Vendredi Saint, 10 avril 2020, à 16h30, à l’hôpital Joseph Ducuing de Toulouse…

Emporté bien trop jeune, à l’âge de 58 ans (comme Xavier Darasse qu’il admirait), il a succombé à un long cancer contre lequel il s’est battu avec un courage et une énergie qui forcent l’admiration. Son ami Emmanuel Pélaprat, titulaire avec lui de l’orgue Puget de Notre-Dame-du-Taur, se trouvait à ses cotés et a pu l’accompagner dans les derniers moments de ce « chemin de Croix » que Jean-Claude avait accepté depuis longtemps avec lucidité et sérénité. Il avait pu encore se hisser le dimanche 1er mars jusqu’à la tribune de Saint-Sernin, où il était également organiste, pour jouer les offices. Il m’écrivit alors sa joie profonde de retrouver le magnifique Cavaillé-Coll qu’il chérissait, et pour lequel il avait tant donné lors du dernier relevage il y a trois ans, auprès du facteur Olivier Robert.

Il s’était fixé comme un point de mire, une lumière dans ses ténèbres, de jouer la Vigile Pascale, « ma dernière » disait-il. Avec sans doute aussi, je le sais, l’espoir secret et inaccessible d’assister en mai aux 10 ans de ses « Moments musicaux », plus de 12 concerts annuels qu’il organisait avec passion et persévérance en deux séries : « pour le temps de l’Avent », et « de Pâques à la Trinité », invitant les jeunes organistes à jouer « son » orgue du Taur. Il présentait l’interprète, puis écoutait attentivement la musique.

Et puis vint le confinement et ses sinistres conséquences. C’en fut trop pour sa résistance au mal.

Littéralement amoureux, dès sa jeunesse aveyronnaise, des orgues et de la Musique, il abandonne ses études de pharmacie pour se consacrer entièrement à sa passion. D’origine italienne par ses parents, son intérêt pour la facture d’orgue le conduit d’abord tout jeune à travailler durant trois ans au sein du Gabinetto restauro organi du Palais Pitti à Florence. Plus tard, il revient à Toulouse et entre dans la classe d’orgue du Conservatoire, où il devient non seulement l’élève mais en quelque sorte l’assistant de Willem Jansen et de moi-même, et l’animateur le plus zélé pour la vie de la classe. Comment oublier les nombreux voyages d’orgue, tous mémorables, en Italie, en Espagne, en Hollande, en Suisse etc., agrémentés de ses espliègleries de garnement toujours prêt à jouer un bon tour.

Qui d’autre que lui pouvait écrire sur le Livre d’or de l’orgue de Porrentruy : « Merci à Silbermann d’avoir réalisé une si belle copie de Ahrend ! »? Qui d’autre que lui pouvait venir dans la nuit du 1er Avril 1992, équipé d’une échelle, changer la plaque de ma rue (Désarnauts) pour une autre patiemment fabriquée en copie conforme, à s’y méprendre !!! Dans les années qui ont suivi, j’allais parfois remettre cette nouvelle plaque « Rue Michel Bouvard » quand je voulais épater des amis de passage qui cherchaient leur chemin pour arriver chez moi… Il adorait faire des blagues, sans méchanceté aucune mais avec une généreuse complicité. Ses variations à 4 mains sur « Happy Birthday » jouées aux Augustins pour les 60 ans de Willem Jansen témoignent de son plaisir à partager ses joies avec ses amis.

Après ses études à Toulouse durant lesquelles il collabore déjà avec le Père Philippe Bachet, il devient dans les années 90 rédacteur en chef de la Revue « Orgues Méridionales », et publie de nombreux fac-similés et documents, dont une édition remarquée du « Livre d’orgue de Toulouse » (XVIIIe siècle).

Il se fait connaître du monde de l’orgue à la fois par son talent mais aussi par ses coups de gueule contre ce qu’il appelle les « restaurations abusives »… D’un naturel plutôt explosif, son article « Touch’pas à mon orgue – la restauration en question » (1994) fait date, allant à contre-courant de la doctrine ambiante, et ne lui vaut pas que des amis parmi les experts et les facteurs. Curieusement, il rejoint pourtant en cela des considérations analogues, exposées de façon certes moins provocante par un autre « toulousain » qui n’est autre que… Jean Boyer. Ces deux « lanceurs d’alerte », à l’image d’un John Ruskin en architecture, ne communiqueront qu’une seule fois sur le sujet, de façon trop succincte (dixit Jean-Claude), alors que sur bien des points, ils avaient raison avant tout le monde… Plus tard, un de ses grands amis Louis Robilliard exposera lui aussi, notamment par un article dans « Orgues Nouvelles », les mêmes préoccupations. Ce que Jean-Claude considérait comme une altération sans retour des instruments pouvait devenir pour lui une souffrance quasi viscérale. Comme Ruskin pour les édifices vénérables, il pensait qu’à l’extrême « ce que l’on nomme restauration signifie la destruction la plus complète que puisse souffrir un orgue ».

Co-titulaire dès juin 1990 à l’église Notre-Dame-du-Taur à Toulouse, il allait fêter ses 30 ans de présence à la tribune, gardien prudent et avisé du chef-d’œuvre d’Eugène Puget, érigé en 3 buffets en 1880.
Simultanément, il alla habiter à Lavaur comme titulaire et conservateur de l’orgue Cavaillé-Coll (1876) de la Cathédrale, de 1994 à 2005. En 2007, après son retour à Toulouse, je lui proposai d’intégrer l’équipe des organistes de Saint-Sernin. Sur ces trois instruments de haute volée, il a développé tout au long de sa carrière son Art d’organiste liturgique, sa vocation véritable. Son amour des orgues et de ce métier, l’exigence de qualité qu’il impose alors, à lui-même et aux autres acteurs de la célébration, ne feront que croître jusqu’à son dernier souffle, suscitant in fine respect et affection de tous, au premier rang desquels les différents curés avec lesquels il a tant partagé, pas seulement des mots aimables… Au-delà de ses irritations ou colères proverbiales qui pouvaient se transformer la nuit en longs « Emails-bombes », doté par ailleurs d’un humour décapant et d’un cœur grand comme ça, il a toujours entretenu avec ses différents prêtres-employeurs une relation de proximité amicale, parfois filiale.

Tout au long de sa vie, Jean-Claude Guidarini s’est aussi produit comme concertiste, en France et à l’étranger, dans des programmes éclectiques, toujours recherchés et originaux, registrés avec un soin méticuleux. Il pouvait passer des heures à rechercher une combinaison inédite ou le meilleur équilibre, qui le remplissaient de joie. Extrêmement sensible, doué d’un talent musical hors du commun, il emportait l’adhésion des publics par sa sincérité et la pureté de son intention, laissant partout des souvenirs inaltérables qui ressortent aujourd’hui dans les témoignages. Il a défendu entre autres avec passion les musiques oubliées du XIXe siècle, et réalisa de nombreuses transcriptions. Il aimait particulièrement jouer avec d’autres musiciens, chanteurs, percussionnistes, chœurs, etc. Il collabora ainsi depuis des années avec son amie la soprano Nicole Fournié, qui fut présente à ses côtés jusqu’à l’extrême fin.

Ses compétences en facture d’orgue, la science et l’intelligence de son expertise, doublées d’une oreille extrêmement rare pour l’harmonisation des instruments et d’une mémoire à toute épreuve, l’amenèrent à collaborer régulièrement avec des facteurs d’orgues pour des projets de restauration ou de construction d’orgues neufs. Il a travaillé notamment avec son ami Jean Daldosso à l’élaboration de plusieurs instruments innovants (Temple du Salin à Toulouse, Eglise d’Urrugne, Cathédrale de Valence (Espagne), Basilique d’Alençon etc.)

Constamment stimulé par ses propres interrogations et sa « réflexion sur la méthode », pour une future restauration de « son orgue chéri » de Notre-Dame-du-Taur, il se lance dès les années 90 dans une recherche approfondie sur la dynastie Puget, célèbre famille toulousaine de facteurs d’orgues. Grâce à lui, le Musée de Lavaur est aujourd’hui détenteur d’un fonds d’archives important sur la facture des Puget. En attendant la création d’une salle spécifiquement dédiée, il organise dans les années 2000 deux expositions à Lavaur et dans la Ville rose sur « La manufacture Théodore Puget père et fils, facteurs d’orgues à Toulouse ». Il préparait depuis des années un ouvrage important sur les Puget, toujours en cours. Enfin, il avait collaboré étroitement ces dernières années avec Thierry Semenoux, technicien-conseil, pour élaborer un cahier des charges de la restauration de l’orgue Puget du Taur.

Jean-Claude va nous manquer terriblement. Sa disparition est une grande perte pour Toulouse et pour le monde de l’orgue, pas seulement français. Il n’est que de voir les hommages souvent très émouvants qui se multiplient, depuis son décès, sur les réseaux sociaux, venant de toute part, y compris des USA et du Japon. De très nombreux amis, français et étrangers, appellent ou écrivent en disant qu’ils ont « comme perdu une partie d’eux-mêmes ». Au-delà du chagrin très intense qui m’accable, je me suis posé la question de cette expression : « une partie de nous-même »… Et en effet je savais que cet être tantôt solitaire et fragile qu’il fallait alors « porter », tantôt solide comme un roc ou serein comme un vieux sage, entretenait avec ferveur des relations amicales avec des dizaines et des dizaines d’organistes, facteurs, amis divers… dans le monde entier, notamment grâce à Internet. Il était toujours disponible, et c’est alors lui qui nous « portait » toute affaire cessante, quand nous en avions besoin, par ses conseils et ses encouragements.


 

Avec sa bouille, sa tignasse, son sourire, son humour, ses provocs, ses emportements, ses raideurs de gardien du temple ou ses airs négligés de Quasimodo, sa profondeur spirituelle, sa gentillesse, il était un véritable phénomène, un personnage, unique, Desproges eût dit : « étonnant ».

Par-dessus tout, j’oublie peut-être le plus important, il aimait rire, et rire encore, se moquer de lui-même et du monde, bien manger, bien boire, et il cuisinait comme un Dieu, avec une batterie de cuisine digne d’un chef étoilé !

Au même rang que sa passion pour la cuisine, il faut évoquer le Jean-Claude photographe, qui, là aussi, ne faisait pas les choses à moitié : perfectionniste dans la recherche du meilleur cadrage, il développait lui-même ses photos dans une chambre noire qu’il avait installée à Lavaur pour contrôler au mieux ses clichés.

Le matin du vendredi saint, je suis allé travailler l’orgue à Saint- Sernin, pour la première fois depuis trois semaines. Vers 15 heures, le Curé m’a prévenu que j’avais oublié la lumière de l’orgue. Cela ne m’arrive jamais. A 19h, après le décès de Jean-Claude, je suis donc retourné. Marchant dans la ville déserte en essuyant mes larmes, je me suis dit rageusement : « je vais faire hurler l’orgue ! ». Arrivé à la tribune, j’ai appuyé sur le bouton, et la lumière s’est éteinte… On était Vendredi saint. Assommé par la singularité de l’instant, je suis resté là un long moment à la tribune, muet et silencieux comme l’orgue, priant face à cette nef majestueuse, dans un silence assourdissant. Puis je suis rentré, avec Jean-Claude qui me disait à l’oreille : « après le Vendredi saint, il y a Pâques ! ».


Jean-Claude,
Quand je t’ai connu, j’avais 20 ans, et toi 17 !
J’étais de Rodez, et toi d’Espalion.
Pour moi ce n’est pas une page qui se tourne, c’est tout le livre…
Jean-Claude, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Michel Bouvard

 
Lien pour l’écoute des obsèques de Jean-Claude Guidarini qui ont eu lieu vendredi 17 avril 2020 en la Basilique Saint-Sernin de Toulouse :
https://www.youtube.com/watch?v=d0gxIvM2XIU
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Décès d’Odile Pierre le 29 février 2020 à Paris

Odile Pierre est née le 12 mars 1932 à Pont-Audemer. C’est à un récital d’orgue de Marcel Dupré à l’abbaye Saint-Ouen de Rouen qu’elle décide, à 7 ans, de devenir organiste.

Ses études commencent au conservatoire de Rouen : elles se poursuivent au Conservatoire National de Paris d’où elle ressortira avec sept premiers prix. Ses maîtres seront Maurice Duruflé, Noël Gallon, Norbert Dufourcq, Marcel Lanquetuit, Marcel Dupré, Rolande Falcinelli, Maurice Duruflé, etc.

Elle succède à Jeanne Demessieux à la tribune de la Madeleine en 1969.

Professeur d’orgue et d’improvisation, compositeur, concertiste, elle a donné plus de 2000 récitals dans le monde entier.

Membre de la Commission consultative pour la restauration et la construction des orgues de la Ville de Paris, Odile Pierre avait reçu la médaille d’argent de la Ville de Paris. Elle était officier de la Légion d’honneur et commandeur dans l’Ordre National du Mérite.

A lire : www.francetvinfo.fr/culture/musique/fete-de-la-musique/l-organiste-odile-pierre-est-morte-dans-sa-88e-annee_3847679.html

 
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Aspects interprétatifs de la musique ibérique ancienne pour orgue

Barcelone – Cathédrale

Crédit Didier Descouens

par Teresa Hernández Sánchez de l’ordre des hijosdalgos Hernández de Castille, native de la ville de Salamanque

Teresa Hernández Sánchez a réalisé une étude de 69 pages sur les Aspects interprétatifs de la musique ibérique ancienne pour orgue disponible au travers du lien ci-dessous.

Selon l’auteure, la plus grande contribution de la péninsule ibérique à l’histoire de la musique ancienne européenne se produit dans le monde de l’orgue, au travers de la création musicale proprement dite (traités et musique) et du patrimoine instrumental et documentaire. Les orgues qui nous sont parvenus dans leur état d’origine et les documents trouvés dans les archives des églises et cathédrales avec de minutieuses annotations nous permettent de comprendre l’anatomie et la conception des instruments et leur évolution. Au travers de sa réflexion, l’auteure souhaite contribuer à mettre en lumière l’interprétation de la musique ibérique en dehors de son territoire d’origine.

L’étude se concentre sur trois sujets fondamentaux et qui ont une application accessible et « immédiate » pour l’interprète : l’ornementation, l’inégalité et les doigtés. « Pour ce qui est de l’ornementation, il faut préciser que la définition du terme à l’époque était large. Elle faisait référence à « orner quelque chose », et pouvait autant définir la glosa (qui servait à orner un intervalle, et dont l’utilisation était assez libre) que les quiebros et redobles (utilisés pour orner une seule note et dont l’application est systématique). Les ornements que nous étudierons dans ce travail sont ceux qui n’ornent qu’une seule note, du fait que la glosa est un agrément déjà écrit dans une grande partie du répertoire et bien transcrit dans les partitions. L’inégalité, qui fut appelée en castillan ancien Airecillo ou Tañer con buen aire, est une caractéristique rythmique qui ne peut pas non plus être omise, car elle est vivement conseillée et expliquée dans plusieurs traités de façon suffisamment large et détaillée. De plus, elle fait partie d’une façon ou d’une autre des outils interprétatifs de toutes les écoles d’orgue européennes anciennes, fait pour lequel je trouve nécessaire de l’aborder. Quant aux doigtés, il est indispensable de connaitre ceux qui sont conseillés par les auteurs, tels qu’ils apparaissent dans les sources. Ils ne sont pas souvent écrits dans les éditions modernes (et encore moins dans les éditions critiques) car ces auteurs ne les écrivaient pas dans les partitions mêmes mais plutôt dans les préfaces. Par contre, leur bon usage (ou au moins leur connaissance) reste primordiale pour éclairer toute la conception de l’articulation. »

Pour accéder à l’étude de Teresa Hernández Sánchez : Guide-musique-ancienne-iberique.pdf

 
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Eglise Saint-Louis de Vecoux (Vosges) – Inauguration de l’orgue 18/II+P reconstruit par Jean-Christian Guerrier

Vecoux – Orgue en tribune – 2013
Photo : Orgue en Scène

 

L’histoire part d’un premier instrument de 8 jeux (sans pédalier) inauguré en 1867. On le devait aux frères Géhin, installés à Saint-Amé dans les Vosges. Devenu presque injouable dans les années 1990, ce témoin d’une facture locale de qualité méritait mieux que la décrépitude qui le menaçait.

Heureusement, quelques curieux et passionnés sont venus examiner ses nobles restes, ont su y déceler un vrai trésor et, connaissant la qualité du travail des frères Géhin, ont fait le pari de le ressusciter. Grâce à l’autopsie minutieuse menée par son restaurateur, la logique de sa conception a pu être reconstituée et menée à son terme. Une aventure exceptionnelle pour le petit village de Vecoux, menée de concert par l’association Orgue en Scène, créée à cet effet en 2013, la municipalité et la paroisse.

De la rédaction du cahier des charges à la collecte des fonds nécessaires (concerts, recherche de mécènes et de subvention jusqu’au niveau européen), ce furent six années de travail acharné, réalisé dans un esprit communautaire exemplaire dont les points culminants furent les spectacles de la Passion aux Rameaux en 2015 et 2016. Le résultat est là : l’orgue est aujourd’hui retrouvé, reconstruit, restauré et complété dans le respect de son essence.


A l’occasion de cette reconstruction, le nombre de jeux a été porté de 8 à 18, désormais répartis sur deux claviers et un pédalier. L’harmonisation des nouveaux jeux a été réalisée dans l’esprit des frères Géhin, en s’inspirant des autres instruments existants dans la région. Précédemment situé en tribune, l’orgue se trouve désormais dans le transept Sud. Son buffet est constitué par les éléments de boiseries d’un ancien confessionnal au style identique à celui du buffet d’origine, et qui a été surélevé afin de pouvoir loger les tuyaux dans toute leur hauteur et de laisser de la place à la console en fenêtre et à la mécanique. La soufflerie est disposée sur le côté. Le buffet d’origine a été laissé en place avec installation de panneaux peints en trompe l’œil imitant les tuyaux d’origine.

Reste aujourd’hui à faire vivre ce nouvel instrument. L’orgue est d’ores et déjà intégré dans le pool des instruments utilisables par la classe d’orgue de l’école de musique intercommunale de la Porte des Vosges Méridionales. Les nombreuses manifestations de ce type déjà réalisées pour le recueil des fonds nécessaires à la restauration, vont se poursuivre. L’inauguration prochaine constitue à la fois un aboutissement et le début d’un nouveau chapitre de l’histoire de l’orgue et de la vie culturelle à Vecoux et ses environs.

Reste un espoir secret : que ses frères les plus proches bénéficient à leur tour des mêmes soins (Dommartin-les-Remiremont, Saint-Etienne-les-Remiremont et Saint-Maurice-sur-Moselle), car comme le souligne Christian Lutz, « les orgues Géhin, dans l’ensemble bien conservés, font preuve d’une grande solidité et d’une réelle personnalité ». (Inventaire des orgues – Lorraine-Vosges, Editions Serpenoise 1990, p.32).

 

Inauguration :

  • Samedi 15 février à 20h15 : concert des amis musiciens donné par ceux qui ont gracieusement prêté leur concours pour les concerts au profit de la restauration de l’orgue.
  • Dimanche 16 février à 10h30 : Messe de bénédiction présidée par Mgr Berthet, évêque de Saint-Dié, et chantée par les choristes impliqués lors des Passions.
  • Dimanche 16 février à 15h30 : Concert d’inauguration par Olivier Wyrwas, professeur au conservatoire de Mulhouse, qui jouera des pièces de A.P.F. Boëly, E. du Caurroy, W.A. Mozart, R. Schumann et J.S. Bach.

 

Affiche : Orgue en Scène

 

Vecoux – Orgue restauré par Jean-Christian Guerrier – 2020
Photo : Orgue en Scène

 

Composition de l’orgue :

Grand orgue, 54 notes
Montre 8, de Géhin
Prestant, de Géhin
Bourdon 8, de Géhin, d’après les bourdons 16 et 8 de l’ancien orgue.
Gambe 8, de Géhin
Gemshorn 4, neuf, en copie de Géhin, d’après Pouxeux.
Doublette 2, de Géhin
Cornet 3 rangs, de Géhin
Fourniture 2-4 rangs, neuve, en copie de Géhin, d’après Dommartin-lès-Remiremont.
Trompette, de Géhin
Clairon, de Berger, facture très semblable à celle de Géhin.


Récit, 44 notes

Bourdon 8, en partie de Géhin, quelques tuyaux neufs en copie de Géhin.
Flûte octaviante, de l’ancien orgue (H. Didier)
Octavin : en copie de Géhin, d’après la doublette du cornet du grand orgue.
Cornet 2 rangs : en copie de Géhin, d’après le cornet du grand orgue.
Hautbois 8 : en copie de Géhin, d’après Pouxeux.


Pédale, 27 notes

Soubasse 16, en partie de Géhin, d’après le bourdon de 16 de l’ancien orgue.
Flûte 8, en copie de Géhin, d’après Pouxeux et Dommartin-lès-Remiremont.
Trompette 8, jeu en attente, en copie de Géhin, d’après Pouxeux.

Tirasse grand-orgue

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