Aspects interprétatifs de la musique ibérique ancienne pour orgue

Barcelone – Cathédrale

Crédit Didier Descouens

par Teresa Hernández Sánchez de l’ordre des hijosdalgos Hernández de Castille, native de la ville de Salamanque

Teresa Hernández Sánchez a réalisé une étude de 69 pages sur les Aspects interprétatifs de la musique ibérique ancienne pour orgue disponible au travers du lien ci-dessous.

Selon l’auteure, la plus grande contribution de la péninsule ibérique à l’histoire de la musique ancienne européenne se produit dans le monde de l’orgue, au travers de la création musicale proprement dite (traités et musique) et du patrimoine instrumental et documentaire. Les orgues qui nous sont parvenus dans leur état d’origine et les documents trouvés dans les archives des églises et cathédrales avec de minutieuses annotations nous permettent de comprendre l’anatomie et la conception des instruments et leur évolution. Au travers de sa réflexion, l’auteure souhaite contribuer à mettre en lumière l’interprétation de la musique ibérique en dehors de son territoire d’origine.

L’étude se concentre sur trois sujets fondamentaux et qui ont une application accessible et « immédiate » pour l’interprète : l’ornementation, l’inégalité et les doigtés. « Pour ce qui est de l’ornementation, il faut préciser que la définition du terme à l’époque était large. Elle faisait référence à « orner quelque chose », et pouvait autant définir la glosa (qui servait à orner un intervalle, et dont l’utilisation était assez libre) que les quiebros et redobles (utilisés pour orner une seule note et dont l’application est systématique). Les ornements que nous étudierons dans ce travail sont ceux qui n’ornent qu’une seule note, du fait que la glosa est un agrément déjà écrit dans une grande partie du répertoire et bien transcrit dans les partitions. L’inégalité, qui fut appelée en castillan ancien Airecillo ou Tañer con buen aire, est une caractéristique rythmique qui ne peut pas non plus être omise, car elle est vivement conseillée et expliquée dans plusieurs traités de façon suffisamment large et détaillée. De plus, elle fait partie d’une façon ou d’une autre des outils interprétatifs de toutes les écoles d’orgue européennes anciennes, fait pour lequel je trouve nécessaire de l’aborder. Quant aux doigtés, il est indispensable de connaitre ceux qui sont conseillés par les auteurs, tels qu’ils apparaissent dans les sources. Ils ne sont pas souvent écrits dans les éditions modernes (et encore moins dans les éditions critiques) car ces auteurs ne les écrivaient pas dans les partitions mêmes mais plutôt dans les préfaces. Par contre, leur bon usage (ou au moins leur connaissance) reste primordiale pour éclairer toute la conception de l’articulation. »

Pour accéder à l’étude de Teresa Hernández Sánchez : Guide-musique-ancienne-iberique.pdf

 
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Eglise Saint-Louis de Vecoux (Vosges) – Inauguration de l’orgue 18/II+P reconstruit par Jean-Christian Guerrier

Vecoux – Orgue en tribune – 2013
Photo : Orgue en Scène

 

L’histoire part d’un premier instrument de 8 jeux (sans pédalier) inauguré en 1867. On le devait aux frères Géhin, installés à Saint-Amé dans les Vosges. Devenu presque injouable dans les années 1990, ce témoin d’une facture locale de qualité méritait mieux que la décrépitude qui le menaçait.

Heureusement, quelques curieux et passionnés sont venus examiner ses nobles restes, ont su y déceler un vrai trésor et, connaissant la qualité du travail des frères Géhin, ont fait le pari de le ressusciter. Grâce à l’autopsie minutieuse menée par son restaurateur, la logique de sa conception a pu être reconstituée et menée à son terme. Une aventure exceptionnelle pour le petit village de Vecoux, menée de concert par l’association Orgue en Scène, créée à cet effet en 2013, la municipalité et la paroisse.

De la rédaction du cahier des charges à la collecte des fonds nécessaires (concerts, recherche de mécènes et de subvention jusqu’au niveau européen), ce furent six années de travail acharné, réalisé dans un esprit communautaire exemplaire dont les points culminants furent les spectacles de la Passion aux Rameaux en 2015 et 2016. Le résultat est là : l’orgue est aujourd’hui retrouvé, reconstruit, restauré et complété dans le respect de son essence.


A l’occasion de cette reconstruction, le nombre de jeux a été porté de 8 à 18, désormais répartis sur deux claviers et un pédalier. L’harmonisation des nouveaux jeux a été réalisée dans l’esprit des frères Géhin, en s’inspirant des autres instruments existants dans la région. Précédemment situé en tribune, l’orgue se trouve désormais dans le transept Sud. Son buffet est constitué par les éléments de boiseries d’un ancien confessionnal au style identique à celui du buffet d’origine, et qui a été surélevé afin de pouvoir loger les tuyaux dans toute leur hauteur et de laisser de la place à la console en fenêtre et à la mécanique. La soufflerie est disposée sur le côté. Le buffet d’origine a été laissé en place avec installation de panneaux peints en trompe l’œil imitant les tuyaux d’origine.

Reste aujourd’hui à faire vivre ce nouvel instrument. L’orgue est d’ores et déjà intégré dans le pool des instruments utilisables par la classe d’orgue de l’école de musique intercommunale de la Porte des Vosges Méridionales. Les nombreuses manifestations de ce type déjà réalisées pour le recueil des fonds nécessaires à la restauration, vont se poursuivre. L’inauguration prochaine constitue à la fois un aboutissement et le début d’un nouveau chapitre de l’histoire de l’orgue et de la vie culturelle à Vecoux et ses environs.

Reste un espoir secret : que ses frères les plus proches bénéficient à leur tour des mêmes soins (Dommartin-les-Remiremont, Saint-Etienne-les-Remiremont et Saint-Maurice-sur-Moselle), car comme le souligne Christian Lutz, « les orgues Géhin, dans l’ensemble bien conservés, font preuve d’une grande solidité et d’une réelle personnalité ». (Inventaire des orgues – Lorraine-Vosges, Editions Serpenoise 1990, p.32).

 

Inauguration :

  • Samedi 15 février à 20h15 : concert des amis musiciens donné par ceux qui ont gracieusement prêté leur concours pour les concerts au profit de la restauration de l’orgue.
  • Dimanche 16 février à 10h30 : Messe de bénédiction présidée par Mgr Berthet, évêque de Saint-Dié, et chantée par les choristes impliqués lors des Passions.
  • Dimanche 16 février à 15h30 : Concert d’inauguration par Olivier Wyrwas, professeur au conservatoire de Mulhouse, qui jouera des pièces de A.P.F. Boëly, E. du Caurroy, W.A. Mozart, R. Schumann et J.S. Bach.

 

Affiche : Orgue en Scène

 

Vecoux – Orgue restauré par Jean-Christian Guerrier – 2020
Photo : Orgue en Scène

 

Composition de l’orgue :

Grand orgue, 54 notes
Montre 8, de Géhin
Prestant, de Géhin
Bourdon 8, de Géhin, d’après les bourdons 16 et 8 de l’ancien orgue.
Gambe 8, de Géhin
Gemshorn 4, neuf, en copie de Géhin, d’après Pouxeux.
Doublette 2, de Géhin
Cornet 3 rangs, de Géhin
Fourniture 2-4 rangs, neuve, en copie de Géhin, d’après Dommartin-lès-Remiremont.
Trompette, de Géhin
Clairon, de Berger, facture très semblable à celle de Géhin.


Récit, 44 notes

Bourdon 8, en partie de Géhin, quelques tuyaux neufs en copie de Géhin.
Flûte octaviante, de l’ancien orgue (H. Didier)
Octavin : en copie de Géhin, d’après la doublette du cornet du grand orgue.
Cornet 2 rangs : en copie de Géhin, d’après le cornet du grand orgue.
Hautbois 8 : en copie de Géhin, d’après Pouxeux.


Pédale, 27 notes

Soubasse 16, en partie de Géhin, d’après le bourdon de 16 de l’ancien orgue.
Flûte 8, en copie de Géhin, d’après Pouxeux et Dommartin-lès-Remiremont.
Trompette 8, jeu en attente, en copie de Géhin, d’après Pouxeux.

Tirasse grand-orgue

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150ème anniversaire de la naissance de Louis Vierne (1870-1937)

   Louis Vierne à St Nicolas du Chardonnet

Pour célébrer le 150ème anniversaire de la naissance de Louis Vierne qui aura lieu le 8 octobre prochain, un mini-festival était prévu à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il aurait permis d’entendre l’intégrale des six symphonies, la messe solennelle, et d’autres pièces du compositeur. Les circonstances dramatiques d’avril dernier en ont malheureusement décidé autrement.

 

Quelques-uns des événements liés à cet anniversaire sont maintenus : tout d’abord, au CNSM, la masterclasse de Ben van Oosten et les conférences de Brigitte de Leersnyder et de Jean-Marc Leblanc, ainsi que deux concerts « autour de l’orgue » qui permettront d’entendre des œuvres de musique de chambre et des œuvres vocales de Vierne.

 

Le programme du festival est le suivant :

  • Lundi 27 janvier :
    – 10h : Conférence « Louis Vierne, sa vie, son oeuvre » par Brigitte de Leersnyder
    – 13h30-17h30 : Masterclasse avec Ben van Oosten (Vierne et Widor)
  • Mardi 28 janvier :
    – 10h : Conférence « Louis Vierne et la facture d’orgue » par Jean-Marc Leblanc
    – 13h30-17h30 : Masterclasse avec Ben van Oosten (Vierne et Widor)
  • Mercredi 29 janvier :
    – 19h : Concert « autour de l’orgue » au CNSM avec Louis Jullien
  • Mercredi 29 janvier :
    – 20h30 : Concert Ben van Oosten à l’église d’Auteuil
  • Jeudi 30 janvier :
    – 13h : Concert Dominique Levacque à l’Institut National des Jeunes Aveugles
  • Vendredi 31 janvier :
    – 19h : Concert « autour de l’orgue » au CNSM avec Constance Taillard

On trouve le détail complet des concerts sur le document en PJ : Programme Vierne – Paris janvier 2020.pdf


Illustration : Louis Vierne à l’inauguration de l’orgue de tribune de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris le 8 décembre 1927.

 
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