Décès de Jean-Loup BOISSEAU

Jean-Loup Boisseau
crédit : Jean-Jacques Soin

Le facteur d’orgues Jean-Loup Boisseau nous a quittés.

 

Né en 1940, Jean-Loup Boisseau s’est éteint le 29 janvier à la suite d’une longue maladie. Avec lui disparaît une des figures majeures de la facture d’orgues française, unanimement admiré et respecté par ses pairs et le monde l’orgue pour sa contribution à la renaissance de l’orgue classique français.
La dynastie Boisseau remonte à son père Robert, l’un des précurseurs du renouveau de la facture d’orgues dans les années 1960. D’origine poitevine, c’est à la tribune du Clicquot de la cathédrale de Poitiers que Robert Boisseau approfondit ses recherches et met en œuvre les techniques anciennes, avec le soutien d’une nouvelle génération d’organistes tels que Francis Chapelet, Michel Chapuis, Xavier Darasse, Jean-Albert Villard. Plusieurs instruments marquent ce renouveau : la restauration de l’orgue Isnard/Cavaillé Coll de Pithiviers, et en 1964 la construction du grand orgue de Notre-Dame de Royan, premier instrument réutilisant l’étain martelé depuis le XVIIIème siècle, classé Monument historique en 2006 en tant que création majeure du XXème siècle.

C’est dans l’atelier de Poitiers, que le jeune Jean-Loup fait son apprentissage avec son père, ainsi qu’auprès de Pierre Chéron, et s’initie à l’art de la facture d’orgues et de techniques séculaires : étain martelé, fabrication de tuyaux en copie, réutilisation de matériaux oubliés tels que l’os pour les claviers, mécanique suspendue, soufflerie cunéiforme, recherches sur les tempéraments, etc. Avec son père Robert, ils restaurent l’orgue Clicquot de l’église d’Houdan une étape marquante de l’histoire de la facture d’orgues du XXème siècle.

La maison Boisseau entreprend alors de grands chantiers de restaurations (basilique Saint-Denis, Levroux, Poitiers) et de constructions d’orgues neufs (cathédrale de Monaco, cathédrale de Nice). L’association en 1980 avec Bertrand Cattiaux, lui-même formé à l’atelier familial, verra se multiplier les chantiers tels que la reconstruction de l’orgue de la chapelle du château de Versailles, les restaurations des orgues de Saint-Sernin et de Notre Dame de la Daurade de Toulouse, de Carentan, la construction de l’orgue de Sainte-Radegonde de Poitiers, etc.

Avec Pierre Cochereau, Jean-Loup Boisseau a entretenu un lien indéfectible nourri d’une estime réciproque.
Son nom restera attaché à Notre Dame de Paris par la construction avec son père de l’orgue de chœur dans le style classique français et par la restauration du grand orgue en 1992, où il restitue les jeux de Cavaillé-Coll et redonne à l’instrument une plénitude unanimement reconnue. Robert et Jean-Loup Boisseau furent aussi les premiers à implanter des chamades dans plusieurs instruments (Royan, Notre-Dame de Paris, Cunault).

Particulièrement réputé pour sa maîtrise de l’harmonisation des jeux d’anches, il confiait avec humour et modestie : « il m’a fallu plus de 15 ans pour dresser convenablement une languette de jeu d’anches et j’en apprend encore tous les jours ».

Soucieux de la transmission, telle qu’il l’avait reçue de son père, l’atelier Boisseau a accueilli de nombreux apprentis qui à leur tour ont perpétué l’art de la facture d’orgues. Il a contribué à la création du Centre de formation des facteurs d’orgues d’Eschau où il a enseigné pendant de nombreuses années et a été président du Groupement professionnel des facteurs d’orgues.

Philippe Lefebvre, président d’Orgue en France

 
 

Orgue en France adresse ses sincères condoléances à son épouse Odile, ses enfants et toute la famille, ainsi qu’à ses nombreux amis et compagnons
 
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